Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/34

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vous pardonner. Reconnaissez votre erreur, abandonnez une maîtresse si peu digne de vous.

— Monsieur !

— Abandonnez-la, vous dis-je, et, à cette condition, je consens, car mon indulgence égale ma justice, je consens à lui accorder une petite rente, en réparation du dommage que sa réputation a souffert.

— Grand Dieu ! une pareille proposition ! Elena ! l’honneur, l’innocence même !

— On vous trompe, reprit le marquis, et je pourrais vous donner de sa mauvaise conduite telles preuves qui ébranleraient votre confiance, si enthousiaste que vous soyez.

— Calomnies ! Indignes calomnies !

— Je vous plains, dit froidement le marquis. Vous pouvez être de bonne foi, vous la croyez vertueuse malgré vos visites nocturnes chez elle ; mais supposons qu’il en soit ainsi, comment effacerez-vous la tache que vos assiduités ont infligé à sa renommée ?

— En proclamant devant le monde entier qu’elle est digne de devenir ma femme ! s’écria Vivaldi, les yeux étincelants de courage et de résolution.

— Votre femme ! dit le marquis, d’un accent qui exprimait à la fois un profond dédain et une colère inquiète. Si je vous croyais capable d’abjurer à ce point l’honneur de notre maison, je vous renoncerais à l’instant même pour mon fils.

— Comment donc, reprit Vivaldi, oublierais-je ce qui est dû à ma famille, quand je ne fais que défendre les droits de l’innocence méconnue ?

— Je vous demanderai, moi, d’après quel principe