Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/35

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de morale vous désobéissez à un père. Quelle est donc la vertu qui vous apprend à vous dégrader, vous et les vôtres ?

— Il n’y a de dégradation que dans le vice, monsieur ; et, dans certaines circonstances, c’est une vertu que de désobéir.

— Ce langage paradoxal et romanesque, reprit le marquis irrité, me révèle suffisamment où vous puisez vos inspirations et ce que je dois penser de la prétendue innocence de celle que vous défendez avec cette ardeur chevaleresque. C’est vous, monsieur, sachez-le bien, qui appartenez à votre famille et non pas votre famille qui vous appartient ; vous avez à garder le dépôt de son honneur, et vous n’avez pas le droit de disposer de vous-même. Je vous préviens que ma patience est à bout.

Vivaldi ne put entendre attaquer la vertu d’Elena sans prendre de nouveau sa défense, mais ce fut avec les égards et la déférence d’un fils, quoique avec la dignité d’un homme. Ils se séparèrent fort irrités l’un et l’autre ; Vivaldi ayant fait des efforts inutiles pour obtenir de son père le nom du dénonciateur d’Elena, et le marquis n’ayant pu arracher à son fils la promesse de ne plus la revoir.

Bien que le jeune homme eût prévu le mécontentement de son père, la scène qui venait d’avoir lieu, après tant de rêves de bonheur, lui avait causé une vive souffrance ; mais l’injure faite au caractère d’Elena l’encourageait à persister dans son amour ; car, en supposant même qu’il lui eût été possible de renoncer à elle, il se trouvait maintenant engagé d’honneur à la protéger. Cause involontaire des attaques