Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/41

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desquelles Elena, cédant enfin aux instances de sa tante et au penchant de son propre cœur, agréa Vivaldi pour son adorateur déclaré. On oublia l’opposition de la noble famille ; ou, si l’on s’en souvint, ce fut en conservant le secret espoir de la surmonter.

Les deux jeunes gens, avec la signora Bianchi et un parent éloigné de cette dernière, le signor Giotto, faisaient quelquefois des excursions dans les délicieux environs de Naples. Vivaldi ne prenait plus la peine de cacher son amour et semblait, au contraire, par la publicité de ses hommages, protester contre les rumeurs injurieuses dont la jeune fille avait été l’objet. Le souvenir de ce qu’elle avait souffert à cause de lui, l’innocente confiance et la douceur qu’elle lui témoignait, tout contribuait à étouffer chez lui les préjugés de rang et de naissance et à fortifier son attachement par une sorte de compassion respectueuse.

Un soir, Vivaldi, assis près d’Elena dans ce même pavillon témoin de ses premiers aveux, pressait avec ardeur l’union dont il attendait son bonheur. La signora Bianchi n’y opposait aucune objection. Rêveuse et dominée par une sorte de pressentiment douloureux, elle regardait vaguement le beau spectacle qu’éclairait à demi le coucher du soleil. La mer enflammée par ses derniers rayons, la multitude et la confusion des barques qui retournaient de Santa Lucia au port de Naples, la belle tour romaine qui se dresse sur le môle et les groupes de pêcheurs fumant au pied de ses murailles, tous ces tableaux enchanteurs semblaient ne