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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/52

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Schedoni se rassit tranquillement et se mit à causer de sujets indifférents avec l’aisance d’un homme du monde. Vivaldi se taisait, appliquant ses yeux et ses oreilles à rechercher la solution du problème qui occupait ses pensées. Les sons graves de la voix de Schedoni le firent douter que ce moine fût celui des ruines de Paluzzi ; et la différence de stature confirma son incertitude, car la taille de Schedoni paraissait plus haute que celle de l’inconnu ; et, s’il y avait d’ailleurs dans leur air quelque ressemblance, il était possible que l’habit du même ordre, porté par les deux religieux, ajoutât à la difficulté de les distinguer. Pour dissiper ces doutes, le jeune homme se décida à poser quelques questions au confesseur, en étudiant l’expression de sa physionomie. Il prit occasion de quelques dessins de ruines qui ornaient l’oratoire de la marquise, pour parler de celles de la forteresse de Paluzzi, qui étaient dignes, disait-il, d’entrer dans la collection.

— Peut-être les avez-vous vues récemment, mon révérend père ? dit-il en fixant sur le moine un regard pénétrant.

— C’est un beau débris d’antiquités, répondit le confesseur impassible.

— Oui, continua Vivaldi sans le quitter des yeux, cette voûte suspendue entre deux rochers, dont l’un est surmonté d’une tour et l’autre ombragé par une forêt de pins et de chênes majestueux, est de l’effet le plus grandiose ; mais ce tableau aurait besoin d’être animé par des figures, et j’imagine qu’un groupe de bandits, se jetant à l’improviste sur les voyageurs, qu’un religieux drapé dans sa robe noire, et sortant