Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/67

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sur un jardin qui aboutissait, par une allée de cyprès, à une église remarquable par ses vitraux colorés et son fouillis d’ornements gothiques. Le frère qui conduisait Elena traversa la cour et sonna une cloche ; une religieuse ouvrit, et la jeune fille fut remise entre ses mains. La sœur, gardant le silence, la fit passer par de longs corridors, dans lesquels ne résonnait le pas d’aucun être humain et dont les murs étaient couverts de lugubres peintures et d’inscriptions menaçantes, signes évidents de la superstition des habitants de ce triste séjour. Elena perdit l’espoir d’éveiller quelque pitié dans des âmes endurcies par la vue perpétuelle de ces sombres emblèmes. Elle considérait avec effroi cette religieuse qui la conduisait, glissant plutôt qu’elle ne marchait le long du cloître, revêtue de sa robe blanche flottante, éclairant de la bougie qu’elle tenait une figure pâle et maigre, plus semblable à un spectre sortant du tombeau qu’à une créature vivante.

Arrivées au parloir de l’abbesse, la religieuse dit à Elena :

— Attendez ici que madame revienne de l’église.

— Ma sœur, demanda Elena, sous l’invocation de quel saint est ce couvent ? Et qui en est abbesse, je vous prie ?

La sœur ne répondit pas, mais elle quitta la salle en jetant à l’étrangère un regard méchamment curieux et chargé d’une sorte de haine. La pauvre Elena ne resta pas longtemps abandonnée à ses réflexions. L’abbesse parut. Elle avait un grand air de dignité qui prit, en présence de l’orpheline,