Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/68

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le caractère de la hauteur et du dédain. Cette femme, qui appartenait à une famille noble, estimait que de tous les crimes, le sacrilège excepté, le plus inexcusable était l’offense faite à des personnages d’un rang élevé. Il était donc tout simple qu’ayant devant elle une fille de rien, accusée d’avoir séduit par artifice l’héritier d’une illustre maison, elle ressentît autant de mépris que d’indignation et qu’elle fût disposée à punir la coupable. Elena s’était levée toute tremblante à son approche. L’abbesse la laissa debout.

— Vous êtes, je crois, lui dit-elle, la jeune personne arrivée de Naples ?

— Je me nomme Elena Rosalba, répondit la jeune fille en reprenant un peu d’assurance.

— Ce nom ne m’est pas connu, répliqua l’abbesse. Je sais seulement qu’on vous envoie ici pour que vous appreniez à mieux vous connaître et à vous pénétrer de vos devoirs ; et j’aurai soin, pour vous amener là, de suivre exactement ce que m’a fait adopter mon dévouement à l’honneur d’une noble famille.

Ces mots furent un trait de lumière pour Elena qui, par l’effet d’une conscience pure et de la vive douleur qu’elle ressentait, osa demander en vertu de quelle autorité elle avait été enlevée et de quel droit on la tenait prisonnière. L’abbesse n’était pas habituée à s’entendre interroger ; elle demeura un moment muette d’étonnement. À la fin elle reprit :

— Je dois vous avertir que ces questions ne conviennent point à votre situation, et que le repentir peut seul atténuer vos fautes.