Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/30

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taire ; mais celui-ci était un homme faible qui craignait de se compromettre.

Vivaldi résolut de recourir à d’autres moyens pour sauver l’innocente victime de son orgueilleuse famille.

Elena retirée dans sa cellule, était en proie à mille sentiments contradictoires, lorsque les sons d’une flûte se firent entendre au milieu des rochers dont les pics aigus faisaient face à la fenêtre grillée de sa cellule. En regardant avec attention, elle distingua une forme humaine à la pointe d’un rocher. Elle reconnut Vivaldi. Celui-ci avait appris d’un frère lai, gagné par Paolo, qu’Elena se montrait parfois à cette fenêtre. En apercevant celle qu’il aimait, le jeune homme lui communiqua un plan qu’il avait formé pour la délivrer. Il la conjura de se rendre au parloir à l’heure du souper et il lui expliqua que, tandis que l’abbesse, selon l’usage, donnait une collation au père abbé, il lui serait facile à lui Vivaldi, aidé par le frère lai Géronimo, de s’introduire lui-même dans la salle sous son habit de pèlerin et de se mêler parmi les spectateurs. Là, il pourrait l’instruire des moyens qu’il aurait trouvés pour favoriser sa fuite.

Elena promit à Vivaldi de faire tous ses efforts pour se rendre au parloir et le jeune comte descendit de son rocher et disparut dans la nuit tombante.

Quelques instants après, Elena reçut la visite d’Olivia. À l’altération de ses traits, on devinait quelque nouveau sujet d’alarme. Sur les prières d’Elena elle se dérida à parler :

— Ma chère enfant, lui dit-elle, mes craintes pour vous n’étaient que trop fondées. Vous êtes perdue si vous ne parvenez pas à vous échapper cette nuit. Je viens d’apprendre que votre conduite de ce matin a été jugée comme un attentat à la dignité de l’abbesse et qu’elle sera punie de ce qu’on appelle l’in-pace ! Hélàs ! Pourquoi ne vous dirais-je pas la vérité et que ce que je vous