Page:Radcliffe - Le confessionnal des pénitents noirs, 1916.djvu/51

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gieux, dans le, couvent de Spirito-Santo, mais que son véritable nom est Ferando de Marinella, comte de Bruno. On vous demandera le motif de ce déguisement ; vous répondrez en renvoyant au monastère des Pénitents-Noirs et vous sommerez les inquisiteurs de mander à leur tribunal un père Ansaldo di Rovalli, grand pénitencier de l’ordre, et de lui ordonner de révéler les crimes dont il a reçu l’aveu le soir du 24 avril 1752, veille de Saint-Marc.

— Mais, objecta Vivaldi, si vous êtes certain des crimes de Schedoni que ne l’accusez-vous pas vous-même ?

— Je ferai plus, je paraîtrai.

— Certes, dit Vivaldi, Schedoni est mon ennemi, mais il me répugne de le faire citer à l’instigation d’un inconnu.

— Vous me connaîtrez dans la suite. Demain nous nous retrouverons dans les souterrains, empire de la douleur et de la mort.

En achevant ces mots, il s’éloigna. Le prisonnier passa le reste de la nuit sans dormir. La journée se passa dans les inquiétudes et les perplexités. Le soir, la porte de la prison s’ouvrit et Vivaldi vit entrer deux conducteurs revêtus d’un linceul noir où deux trous seulement laissaient voir les yeux. On le conduisit dans les souterrains et on le fit pénétrer dans une vaste salle. Il était devant le redoutable tribunal du Saint-Office. De nombreux inquisiteurs étaient là, tous couverts de ces manteaux et de ces voiles qui ne laissaient voir que les yeux.

Ainsi que le moine le lui avait annoncé, on demanda au jeune homme ce qu’il savait du père Schedoni. Il se borna à répondre qu’on lui avait appris le vrai nom du confesseur et l’incognito qu’il gardait dans le couvent de Spirito-Santo.

— De qui tenez-vous ce fait ? demanda un inquisiteur.

— D’une personne qui m’est inconnue.

Un murmure parti du tribunal fit comprendre à Vivaldi que sa réponse était accueillie avec une complète incrédulité et l’inquisiteur principal l’accusa d’avoir voulu en imposer au tribunal et, sur ses dénégations énergiques, il lui commanda de donner des preuves de son accusation. Dès lors, Vivaldi, écartant le scrupule qui l’avait arrêté,