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tière du Roussillon et du Languedoc ; En chemin Emilie renouvela les sollicitations de la veille, et parut tellement troublée du silence et du désespoir de Saint-Aubert, qu’enfin il bannit la réserve. Je ne voulois pas, ma chère Emilie, lui dit-il, répandre un nuage sur vos plaisirs, et j’aurois désiré, du moins pendant le voyage, vous cacher quelques circonstances dont il eût bien fallu vous informer un jour ; votre affliction m’en empêche, et vous souffrez peut-être autant de votre inquiétude que vous souffrirez de la vérité. La visite de M. Quesnel fut pour moi une époque fatale. Il me dit alors une partie des nouvelles que sa lettre vient de me confirmer. Vous m’avez entendu parler d’un M. Motteville, de Paris ; mais vous ignoriez que la principale partie de ce que je possède étoit déposée dans ses mains ; j’avois en lui une entière confiance, et je ne veux pas encore le croire indigne de mon estime. Plusieurs événemens ont concouru, à sa ruine, et je suis ruiné avec lui.

Saint-Aubert s’arrêta pour modérer son émotion.

Les lettres que j’ai reçues de M. Quesnel, reprit-il en s’excitant à la fermeté, ces lettres en contenaient d’autres de M. Mot-