Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/129

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dirigeoit ses pas la fit entrer dans un sentier qui conduisoit au bois. Son esprit, uniquement rempli de son père et de sa propre inquiétude, avoit d’abord perdu toute espèce de frayeur ; mais le couvert sous lequel elle se trouvoit, interceptoit tous les rayons de la lune ; l’horreur de ce lieu lui rappela son danger ; la musique avoit cessé : il ne lui restoit d’autre guide que le hasard. Elle s’arrêta pour un moment dans un effroi inexprimable ; mais l’image de son père l’emportant sur tout le reste, elle se remit à marcher. Le sentier entroit dans un bois ; elle ne voyoit aucune maison, aucune créature, et n’entendoit aucune espèce de bruit ; elle marchoit toujours sans savoir où, évitoit le fourré du bois, tenoit les bords tant qu’elle pouvoit ; elle vit enfin une espèce d’avenue mal rangée, qui donnoit sur un point éclairé par la lune : l’état de cette avenue lui rappela le château des tourelles, et elle ne douta pas qu’elle ne dût y conduire. Elle hésitoit à la suivre quand un bruit de voix et d’éclats de rire frappa soudain son oreille ; ce n’étoit pas le rire de la gaîté, mais celui de la grosse joie, et son embarras redoubla. Tandis qu’elle écoutoit, une voix, à grande distance, partit du chemin qu’elle