Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rent du vin et des corbeilles de fruits ; elles les présentèrent aux voyageurs, en disputant la préférence. La voiture s’arrêta enfin près d’une maisonnette fort propre, qui étoit celle du vénérable conducteur ; il aida Saint-Aubert à descendre, et le conduisit avec Emilie dans une petite salle basse, qui n’étoit éclairée que par la lune. Saint-Aubert, heureux de trouver le repos, se plaça dans une espèce de fauteuil. L’air frais et balsamique, chargé des plus doux parfums, pénétroit dans l’appartement à travers les fenêtres ouvertes, et ranimoit ses facultés éteintes. Son hôte, qu’on nommoit Voisin, quitte la chambre et revient bientôt avec des fruits, de la crème, et tout le luxe champêtre que pouvoit fournir sa retraite. Il servit tout avec le sourire de la bienveillance, et se plaça derrière le siège de Saint-Aubert. Saint-Aubert insista pour qu’il prît place à table ; quand le fruit eut appaisé sa fièvre et calmé sa soif brûlante, il se sentit un peu mieux, et se mit à causer. L’hôte lui communiqua toutes les particularités relatives à lui et à sa famille… Ce tableau d’une union domestique, tracé avec le sentiment du cœur, ne pouvoit pas manquer d’exciter l’intérêt. Emilie, assise près de son père, et tenant