Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous ses traits s’animer dans le ravissement heureux d’un Être supérieur : l’harmonie devenoit plus forte, elle s’éveilla. Le rêve étoit fini, mais la musique duroit encore, et c’étoit une musique céleste. Elle douta, écouta, se leva sur son séant, et écouta encore : c’étoit une musique, et ce n’étoit point une illusion. Après une pause grave et solennelle, l’harmonie se releva avec une expression mélancolique et douce, puis se modéra par degrés, et s’évanouit dans une tenue qui sembloit la transporter au ciel. — Emilie se rappela la musique du soir précédent, les étranges circonstances rapportées par Voisin, et la conversation qu’elles avoient amenée sur l’état futur des esprits. Tout ce que Saint-Aubert avoit dit, pressoit alors sur son cœur. — Quel changement en si peu d’heures ! Celui qui ne pouvoit que former alors des conjectures, savoit maintenant la vérité, étoit devenu un de ces esprits. — Elle écoutoit, et se sentoit glacée par un respect superstitieux ; les larmes s’arrêtèrent, elle se leva, et fut à la fenêtre. Tout étoit obscur ; mais Emilie détournant ses yeux des sombres bois qui bordoient l’horizon, elle vit à gauche cette brillante planète, dont le vieillard avoit parlé, et qui se trouvoit au-