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dessus du bois. Elle se rappela ce qu’il avoit dit, et comme la musique agitoit l’air par intervalles, elle ouvrit sa fenêtre pour écouter le chant : bientôt il s’affoiblit, et elle tenta vainement de découvrir d’où il partoit. La nuit ne lui permit pas de rien distinguer sur la pelouse au-dessous d’elle, et les sons devenant successivement plus doux, firent place enfin à un silence absolu. Elle écouta, ils ne revinrent plus ; bientôt elle vit la planète, qui déjà étoit cachée par le sommet des arbres, et le moment d’après, elle disparut derrière le bois. Glacée de nouveau d’une crainte religieuse, elle revint à son lit, et perdit ses chagrins dans un sommeil momentané.

Le lendemain matin, une sœur du couvent vint lui renouveler l’invitation de l’abbesse ; Emilie, qui ne pouvoit abandonner la chaumière tant que le corps de son père y reposeroit, consentit avec répugnance à la visite qu’on desiroit d’elle, et promit de rendre ses respects à l’abbesse dans la soirée de ce même jour.

Environ une heure avant le coucher du soleil, Voisin lui servit de guide, et la conduisit au couvent en traversant les bois. Ce couvent se trouvoit, ainsi que celui des religieux dont nous ayons parlé, à l’extré-