tentit dans l’église au moment où le corps y entra ; les pas chancelans et l’air abattu d’Emilie, eussent arraché des larmes à tous les spectateurs ; elle n’en versoit aucune. Le visage à demi couvert d’un léger voile noir, elle marchoit entre deux personnes qui la soutenoient de chaque côté ; l’abbesse la précédoit, les religieuses suivoient, et leurs voix plaintives se mêloient aux accens du chœur. Quand la procession fut arrivée au tombeau ; la musique cessa, Emilie baissa son voile, et dans les intervalles du chant il fut aisé d’entendre ses sanglots. Le vénérable prêtre commença le service, et Emilie parvint à se contraindre ; mais quand le cercueil fut déposé, quand elle entendit jeter la terre qui devoit le couvrir, un gémissement sourd lui échappa, et elle tomba sur la personne qui la soutenoit : elle se remit promptement. Elle entendit ces paroles sublimes : Son corps est enterré en paix, et son ame retourne à celui dont il l’avoit reçue. Son désespoir se soulagea par un déluge de pleurs.
L’abbesse la tira de l’église, et la conduisit dans son appartement. Elle lui offrit tous les secours d’une religion sainte et d’une tendre pitié. Emilie faisoit des efforts pour surmonter l’accablement ; mais l’ab-