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son nom, la date de sa naissance et celle de sa mort ; il se trouvoit au pied du fastueux monument de Villeroy. Emilie resta au tombeau jusqu’à ce qu’une cloche, qui appeloit les religieuses à matines, l’eût avertie de se retirer. Elle répandit encore une larme, dit encore un adieu, et s’arracha d’un lieu si triste. Après ce moment d’effusion, elle goûta un sommeil plus tranquille qu’elle ne l’avoit fait depuis long-temps ; en se réveillant, son esprit étoit plus calme, et elle se sentit plus résignée qu’elle ne l’avoit encore été depuis la mort de Saint-Aubert.

Quand le moment du départ fut venu, toute sa douleur se renouvela ; la mémoire de son père au tombeau ; les bontés de tant de personnes vivantes l’attachoient à cette retraite ; elle sembloit éprouver pour le lieu où reposoit Saint-Aubert, ces tendres affections qu’on sent pour sa patrie. L’abbesse lui donna, en se séparant d’elle, les plus touchans témoignages d’attachement, et l’engagea à revenir, si elle ne trouvoit par ailleurs la considération qu’elle devoit attendre. Plusieurs des religieuses lui exprimèrent de vifs regrets ; elle quitta le couvent, les larmes aux yeux, emportant avec elle l’affection et les vœux de toutes les personnes qu’elle y laissoit.