Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/187

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courut au-devant d’elle, et lui fit connoître sa joie. Ma chère demoiselle, dit Thérèse, et puis elle s’arrêta ; les larmes d’Emilie l’empêchoient de répliquer : le chien s’agitoit autour d’elle ; tout d’un coup il courut à la voiture. Ah ! mademoiselle, mon pauvre maître ! s’écria Théodore ; son chien est allé le chercher. Emilie sanglota en voyant la portière ouverte, et le chien sauter dans la voiture, descendre, flairer, chercher avec inquiétude.

Venez, ma chère demoiselle, dit Thérèse, allons, que vous donnerai-je pour vous rafraîchir ? Emilie prit la main de la vieille bonne ; elle essaya de modérer sa douleur en la questionnant sur sa santé. Elle cheminoit lentement vers la porte, s’arrêtoit, marchoit encore, et faisoit une nouvelle pause. Quel silence ! quel abandon ! quelle mort dans ce château ! Frémissant d’y rentrer, et se reprochant d’hésiter, elle passa dans la salle, la traversa rapidement, comme si elle eût craint de regarder autour d’elle, en ouvrit le cabinet qu’elle appeloit autrefois le sien. Le sombre du soir donnoit quelque chose de solennel au désordre de ce lieu ; les chaises, les tables, tous les meubles qu’elle remarquoit à peine en des temps plus heureux, parloient