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elle attendit quelque chose de surnaturel. Mais sa raison reprenant le dessus : Qu’ai-je à craindre, dit-elle ; si les ames de ceux que nous chérissons reviennent, ce ne peut être que par bonté.

Le silence qui régnoit la rendit honteuse de sa crainte ; le même son pourtant recommença. Distinguant quelque chose autour d’elle, et se sentant presser contre sa chaise, elle fit un cri ; mais elle ne put s’empêcher de sourire avec un peu de confusion, en reconnoissant le bon chien qui se couchoit près d’elle, et qui lui léchoit les mains.

Emilie sentant qu’elle étoit hors d’état de visiter pour ce soir le château solitaire, quitta la bibliothèque, et se promena dans le jardin sur la terrasse qui dominoit la rivière. Le soleil étoit couché, mais sous les branches touffues des amandiers, on distinguoit les traces de feu qui doroient le crépuscule.

Emilie, qui marchoit toujours, approcha du platane où Saint-Aubert s’étoit souvent assis près d’elle, et où sa bonne mère l’avoit souvent entretenu des délices d’un futur état. Combien de fois aussi son père avoit trouvé des consolations dans l’idée d’une réunion éternelle ! Oppressée de ce