Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/29

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rencontra monsieur et madame Saint-Aubert dans un petit sentier, le long de la clairière.

Ils montèrent ensemble sur un tertre couvert de figuiers, et dont les plaines et les vallées de Gascogne formoient le point-de-vue. Ils s’assirent sur le gazon ; et tandis que leurs regards embrassoient un grand spectacle, ils respiroient en repos le doux parfum des plantes qui tapissoient la pelouse. Emilie répéta les chansons qu’ils aimoient le plus, et l’expression qu’elle y mit en redoubla les agrémens.

La musique et la conversation les retinrent dans ce lieu enchanté jusqu’au dernier moment d’un crépuscule prolongé ; les voiles blanches qui marquoient au-dessous des montagnes le cours rapide de la Garonne, avoient cessé d’être visibles ; c’étoit une obscurité moins triste que mélancolique. Saint-Aubert et sa famille se levèrent, et s’éloignèrent à regret du bois. Hélas ! madame Saint-Aubert ignoroit que jamais elle n’y devoit revenir !

Arrivée à la pêcherie, elle s’apperçut qu’elle avoit perdu son bracelet. Elle l’avoit ôté en dînant, et l’avoit laissé sur la table en allant se promener. On chercha long-temps, Emilie n’y épargna aucun soin ; ce