Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/40

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étrangers avoit comme suspendue, la saisirent de nouveau, mais avec des symptômes plus fâcheux. Le lendemain la fièvre se déclara ; le médecin y reconnut les mêmes caractères qu’à celle dont Saint-Aubert venoit d’échapper ; elle en avoit reçu le poison en soignant son époux ; sa complexion trop foible n’avoit pu y résister : le mal s’étoit répandu dans ses veines, et l’avoit jetée dans la langueur. Saint-Aubert, dont les inquiétudes surpassoient toute espèce de considération, retint le médecin à la maison ; il se rappela les sentimens et les réflexions qui avoient noirci ses idées la dernière fois qu’ils avoient été à la pêcherie ; il crut au pressentiment et craignit tout pour la malade ; il réussit pourtant à lui cacher son trouble, et ranima sa fille en augmentant ses espérances. Le médecin interrogé par Saint-Aubert, répondit qu’il attendoit pour prononcer une certitude qu’il n’avoit point encore acquise. Madame Saint-Aubert sembloit en avoir une moins douteuse, mais ses yeux seulement pouvoient l’indiquer ; elle les fixoit souvent sur ses pauvres amis avec une expression de pitié et de tendresse, comme si elle eût anticipé leurs chagrins, et parois-