Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/42

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La maladie faisoit des progrès ; la résignation et le calme de madame Saint-Aubert sembloient augmenter avec elle ; la tranquillité avec laquelle elle attendoit la mort, ne pouvoit venir que d’un retour sur elle-même, sur une vie sans reproche, et autant que l’humaine fragilité le comportoit, constamment passée en la présence de Dieu et dans l’espoir d’un meilleur monde ; mais la piété ne pouvoit subjuguer la douleur qu’elle éprouvoit en quittant des amis si chers. Durant ses derniers momens, elle entretint long-temps Saint-Aubert et Emilie, sur la vie à venir et sur d’autres sujets religieux ; la résignation qu’elle exprima, la ferme espérance de retrouver dans l’éternité ceux qu’elle abandonnoit en ce monde, l’effort qu’elle faisoit pour cacher la douleur que lui causoit cette séparation momentanée, tout affecta tellement Saint-Aubert, qu’il fut obligé de quitter la chambre. Il pleura amèrement, mais enfin il sécha ses larmes, et rentra avec une contrainte qui ne pouvoit qu’augmenter son supplice.

Jamais Emilie n’avoit mieux conçu combien il étoit sage de modérer sa sensibilité ; jamais non plus elle n’y avoit travaillé avec tant de courage ; mais après l’événe-