Aller au contenu

Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fréquente : Les mots ne lui manquèrent pas ; elle n’entendoit pas cette magie du regard qui parle si bien à l’ame, cette douceur d’accent qui verse un baume au fond du cœur. Elle assura Saint-Aubert qu’elle prenoit une part sincère à sa douleur, elle loua les vertus de son épouse, et ajouta, ce qu’elle imagina de plus consolant. Emilie ne cessa de pleurer tandis qu’elle parla. Saint-Aubert fut plus calme, écouta en silence, et changea de conversation.

En les quittant, elle les pria de la venir voir bientôt : le changement de lieu vous distraira, dit-elle ; c’est mal fait de s’affliger ainsi. Saint-Aubert sentit la justesse de ces paroles, mais il sentoit plus de répugnance que jamais à quitter un asyle consacré par son bonheur. La présence de son épouse avoit sanctifié tous les lieux, et chaque jour, en calmant l’amertume de ses regrets, augmentoit le charme de ses souvenirs.

Il y avoit pourtant des devoirs à acquitter, et de ce genre étoit une visite à M. Quesnel, son beau-frère ; une affaire importante ne permettoit pas de la différer plus long-temps ; désirant d’ailleurs tirer Emilie de son abattement, il prit avec elle la route d’Epourville.