Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du hameau qu’il avoit annoncé, mais celui-ci ne put répondre avec exactitude. Emilie commença à craindre qu’il ne les eût égarés ; il n’y avoit pas un être humain qui pût les secourir ni les conduire. Ils avoient laissé depuis long-temps et le berger et la cabane ; le crépuscule se brunissoit à chaque instant, l’œil ne pouvoit en percer l’obscurité, et ne distinguoit ni hameau ni chaumière : une raie colorée marquoit seule l’horizon, et c’étoit l’unique ressource des voyageurs. Michel s’efforçoit d’entretenir son courage en chantant ; sa musique, néanmoins, n’étoit pas de nature à chasser la mélancolie : il traînoit des sons lugubres et détonnoit avec tant de tristesse, que Saint-Aubert eut peine à reconnoître une hymne de vêpres adressée à son patron.

Ils continuèrent, abîmés dans ces rêveries profondes, où la solitude et la nuit ne manquent jamais d’entraîner. Michel ne chantoit plus, on n’entendoit que le murmure du zéphyr dans les bois, et l’on ne sentoit que la fraîcheur. Tout-à-coup le bruit d’une arme à feu les réveilla ; Saint-Aubert fait arrêter, on écoute. Le bruit ne se répète pas ; mais l’on entend courir dans les halliers. Saint-Aubert prend