Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/74

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frêne et le tremble laissaient retomber leurs rameaux sur les terres arides des rochers ; à peine un peu de terre recouvroit leurs racines, le moindre souffle agitoit toutes leurs branches.

On rencontroît à chaque heure du jour beaucoup plus de monde. Le soleil ne paroissoit pas encore, et déjà les bergers conduisoient un bétail immense aux pâturages de ces montagnes. Saint-Aubert étoit parti de bonne heure pour jouir du soleil levant, et respirer cet air pur du matin, si salutaire pour les malades ; il devoit l’être surtout dans ces régions où l’abondance et la variété des plantes aromatiques le chargeoient des plus doux parfums.

Le brouillard léger qui voiloit les objets environnans disparut peu à peu, et permit à Emilie de contempler les progrès du jour. Les reflets incertains de l’aurore, colorant les pointes des rochers, les revêtirent successivement d’une vive lumière, tandis que leur base et les fonds de la vallée restoient couverts d’une vapeur sombre. Pendant ce temps, les nuages de l’orient éclaircirent leurs nuances, rougirent, brillèrent enfin de mille couleurs. La transparence des airs découvrit des flots d’or pur, des rayons, éclatans chassèrent l’obscurité, pénétrèrent