Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/76

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mais Saint-Aubert, bientôt après, s’avançant à la portière, apperçut Valancourt immobile sur la route, les bras croisés sur son bâton, et regardant aller la voiture ; il salua de la main, et Valancourt sortant de sa rêverie, rendit le salut, et s’éloigna.

L’aspect du pays changea bientôt. Les voyageurs se virent alors au milieu de montagnes à pic, et couvertes jusqu’en haut de noires forêts de sapins. Des flèches de granit s’élançant du vallon même, alloient cacher au sein des nues leurs pointes couvertes de neige. Le ruisseau, devenu une rivière, couloit doucement et en silence, et ces noires forêts se réfléchissoient dans ses eaux limpides. Par intervalles, un roc sourcilleux relevoit son front hardi au-dessus des bois et des vapeurs, qui servoient de ceinture aux montagnes ; quelquefois une aiguille de marbre se soutenoit perpendiculairement au bord des eaux ; un mélèse colossal la serrait de ses bras vigoureux, et son front sillonné de la foudre étoit encore couronné de pampres.

Quand la voiture marchoit doucement, et se frayoit des routes nouvelles, Saint-Aubert descendoit, et cherchoit les plantes curieuses dont ce lieu étoit semé ; et Emilie, dans l’exaltation de l’enthousiasme, s’en-