Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/77

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fonçoit dans l’épaisseur des bois, et prêtoit l’oreille, en silence, à leur imposant murmure.

On ne vit, durant plusieurs lieues, ni village, ni même de hameau ; quelques cabanes de chasseurs étoient la seule trace d’habitation humaine. Les voyageurs dînèrent en plein air, dans une jolie partie de la vallée, et placés à l’ombre des hêtres. Bientôt après, ils partirent pour Beaujeu.

La route montoit sensiblement ; et laissant les pins au-dessous d’eux, ils se trouvèrent au milieu des précipices. Le crépuscule du soir ajoutoit à l’horreur du site, et les voyageurs ignoroient l’éloignement de Beaujeu. Saint-Aubert, néanmoins, ne croyoit pas la distance considérable, et se félicitoit de n’avoir plus, au-delà de Beaujeu, à franchir de pareils déserts. Les bois, les rocs, les montagnes, se confondoient peu à peu dans l’obscurité, et bientôt il ne fut plus possible de distinguer ces images confuses. Michel avançoit avec précaution ; à peine il distinguoit la route, mais ses mules plus habiles cheminoient encore d’un pas sûr.

En tournant l’angle d’une montagne, une lumière parut ; les rocs et l’horizon furent