Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sés parmi la troupe. Dès qu’ils furent dans la vallée, une autre bande de soldats sortit des bois ; les craintes de Saint-Aubert augmentèrent : il ne doutoit pas que ce ne fussent autant de contrebandiers saisis dans les Pyrénées, et enlevés par des régimens avec leurs marchandises.

Les voyageurs s’étoient si long-temps oubliés dans les montagnes, qu’ils furent totalement trompés dans leur calcul, et ne purent gagner Montigni avant le coucher du soleil. Ils traversèrent la vallée, et remarquèrent sur un pont grossier qui réunissoit deux escarpemens, un groupe de jeunes enfans qui lançoient des pierres dans le torrent ; les cailloux, en tombant faisoient jaillir des colonnes d’eau, et rendoient un bruit sourd que prolongeoient au loin les échos des montagnes. Sous le pont, on découvroit toute la vallée en perspective, une cataracte au milieu, des rocs, et une cabane sur une pointe abritée par de vieux sapins. Il sembloit que cette habitation dût être voisine d’une petite ville. Saint-Aubert fit arrêter : il appela les enfans, et leur demanda si Montigni étoit bien loin ; mais la distance, le bruit des eaux, ne lui permit pas de se faire entendre, et la hauteur à pic des