Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T1.djvu/90

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montagnes qui soutenoient le pont, étoit trop considérable et trop perpendiculaire, pour que tout autre, qu’un montagnard, exercé, pût gravir jusqu’au sommet. Saint-Aubert ne s’arrêta donc qu’un instant : on continua la route à la faveur du crépuscule, et cette route même étoit tellement brisée, qu’il parut plus sage de quitter la voiture. La lune commençoit à poindre, mais sa lumière étoit trop foible : ils marchoient au hasard au milieu des dangers. À ce moment, la cloche d’un couvent se fit entendre ; l’obscurité complète interceptoit la vue du bâtiment ; mais le son paroissoit venir des bois qui couvroient la montagne à droite. Valancourt proposa d’aller à la recherche : si nous ne trouvons pas un asyle dans ce couvent, disoit-il, du moins obtiendrons-nous des renseignemens sur la distance ou la position de Montigni. Il se mit à courir sans attendre la réponse de Saint-Aubert ; mais Saint-Aubert le rappela. Je suis, lui dit-il, horriblement fatigué, j’ai besoin du plus prompt repos, allons tous au couvent, votre air vigoureux déjoueroit nos desseins ; mais lorsque l’on verra mon épuisement et la lassitude d’Emilie, on ne pourra nous refuser un asyle.