Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/122

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que exploit signalé, les yeux de Montoni perdoient leur dureté sombre, et paroissoient pétiller. Ils retenoient néanmoins quelque chose de leur alarmante finesse. Elle doutoit quelquefois si leur subit éclat n’étoit pas plutôt l’éclair de la malice que l’étincelle de la valeur. La valeur convenoit assez bien à sa mine haute et chevaleresque ; et Cavigni, avec sa tournure et ses grâces, ne pouvoit lui être comparé.

En entrant dans le Milanais, ces deux seigneurs quittèrent leurs chapeaux français pour la cape italienne écarlate brodée d’or. Emilie fut surprise de voir Montoni y joindre le plumet militaire, et Cavigni se contenter des plumes qu’on y portoit habituellement. Elle crut enfin que Montoni prenoit l’équipage d’un soldat, pour traverser avec plus de sécurité une contrée inondée de troupes et saccagée par tous les partis.

On voyoit dans ces belles plaines les dévastations de la guerre. Là où les terres ne restoient pas incultes, on reconnoissoit les pas du spoliateur. Les vignes étoient arrachées des arbres qui les devoient soutenir ; les olives étoient foulées aux pieds ; les bosquets de mûriers étoient brisés par l’ennemi, pour allumer les flammes qui de-