Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/123

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voient consumer les hameaux et les villages. Emilie détourna les yeux en soupirant, et les porta sur les Alpes des Grisons, vers le nord. Leurs solitudes sévères sembloient être le sûr asyle d’un malheureux persécuté.

Les voyageurs remarquoient fort souvent des détachemens qui marchoient à quelque distance, et ils éprouvèrent dans les petites auberges de la route l’extrême disette et les autres inconvéniens, qui sont la suite d’une guerre intestine. Ils n’eurent pourtant jamais aucun motif de craindre pour leur sûreté. Arrivés à Milan, ils ne s’arrêtèrent ni pour considérer la grandeur de cette ville, ni pour visiter la cathédrale qu’on bâtissoit encore.

Au-delà de Milan, le pays portoit le caractère d’un ravage plus affreux. Tout alors y paroissoit tranquille ; mais ce repos étoit celui de la mort sur des traits qui conservent encore la hideuse empreinte des dernières convulsions.

Ce ne fut qu’après avoir quitté le Milanais, que les voyageurs rencontrèrent des troupes. La soirée étoit avancée ; ils apperçurent une armée qui défiloit au loin dans la plaine, et dont les lances et les casques brilloient encore des derniers rayons du