Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/136

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ou timides, et qui excite la haine et la fierté des esprits élevés. Il avoit donc de nombreux et de mortels ennemis ; mais l’ancienneté de leur haine étoit la preuve de sa puissance ; et comme la puissance étoit son unique but, il étoit plus glorieux d’une haine semblable que de toute l’estime qu’on auroit pu lui témoigner. Il dédaignoit un sentiment aussi modéré que celui de l’estime, et se seroit méprisé lui-même s’il s’étoit cru capable de s’en contenter. Dans le petit nombre de ceux qu’il distinguoit, étoient les Signors Bertolini, Orsino et Verezzi. Le premier avoit un caractère gai, des passions vives ; il étoit d’une dissipation, d’une extravagance sans borne ; mais d’ailleurs, généreux, brave et confiant. Orsino, réservé, hautain, aimoit le pouvoir plus que l’ostentation : son naturel étoit cruel et soupçonneux ; il ressentoit vivement une injure, et la vengeance ne lui laissoit point de repos. Pénétrant, fécond en ressources, patient, constant dans sa persévérance, il savoit maîtriser ses traits et ses passions. L’orgueil, la vengeance, l’avarice étoient presque les seules qu’il connût ; peu de considérations avoient le pouvoir de l’arrêter, peu d’obstacles pouvoient éluder la profondeur de ses stratagèmes. Cet homme