Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/147

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Bientôt après son arrivée à Venise, Montoni reçut un paquet de M. Quesnel. Il annonçoit la mort de l’oncle de sa femme, à sa maison de la Brenta, et le projet qu’il avoit formé de venir promptement prendre possession de cette maison et des autres biens qui devenoient son partage. Cet oncle étoit frère de la mère de madame Quesnel. Montoni lui étoit parent du côté de son père ; et quoiqu’il n’eût rien à prétendre sur cette riche succession, il ne put cacher toute l’envie que cette nouvelle, excitoit dans son cœur.

Emilie avoit observé que, depuis son départ de France, Montoni n’avoit pas même conservé d’égards pour sa tante : d’abord, il l’avoit négligée ; maintenant il ne lui montroit que de l’éloignement et de l’humeur. Elle n’avoit jamais supposé que les défauts de sa tante eussent échappé au discernement de Montoni, et que son esprit et sa figure eussent mérité son attention. La surprise que lui causa ce mariage avoit été extrême ; mais le choix étant fait, elle n’imaginoit pas comment il pouvoit aussi ouvertement lui témoigner tout son mépris. Montoni, attiré par l’apparente richesse de madame Chéron, se trouva singulièrement déchu de ses espérances. Séduit par les ruses qu’elle