Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/161

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tion. Elle se retira dans son appartement, et commença une lettre pour Valancourt ; elle y rapportait les particularités de son voyage et son arrivée à Venise. Elle y décrivoit les scènes les plus frappantes de son passage dans les Alpes, ses émotions à la première vue de l’Italie, les mœurs et le caractère du peuple qui l’entouroit, et quelques détails sur la conduite de Montoni. Elle évita de nommer le comte Morano ; elle parla bien moins encore de la déclaration qu’il avoit faite, elle savoit combien le véritable amour est prompt à s’effrayer.

Le jour suivant, le comte dîna chez Montoni ; il étoit d’une rare gaîté. Emilie remarqua, dans ses manières avec elle, un air de confiance et de joie qu’il n’avoit jamais eu : elle s’efforça de le réprimer en redoublant sa froideur habituelle, mais elle n’y réussit pas. Il parut épier l’occasion de l’entretenir sans témoins ; mais Emilie lui répliqua toujours qu’elle ne vouloit rien entendre de ce qu’il ne vouloit pas dire tout haut.

Sur le soir, madame Montoni et sa société allèrent se promener sur la mer ; le comte en conduisant Emilie à son zendaletto, porta sa main jusqu’à ses lèvres, et