Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/162

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la remercia de la condescendance qu’elle avait daigné lui montrer. Emilie surprise et mécontente, se hâta de retirer sa main, et crut qu’il plaisantoit. Mais, quand au bas de la terrasse elle vit à la livrée que c’étoit le zendaletto du comte, et que le reste de la société, s’étant arrangé dans les gondoles, étoit au moment de partir, elle résolut de ne point souffrir un entretien particulier, elle lui donna le bonsoir et retourna vers le portique. Le comte la suivit, priant et suppliant Montoni, qui parut et fit trêve aux sollicitations. Il prit Emilie par la main, et la mena au zendaletto ; Emilie prioit tout bas Montoni de considérer l’inconvenance de cette démarche. — Ce caprice est intolérable, dit-il, et je n’y céderai point. Je ne vois ici nulle inconvenance.

De ce moment, l’éloignement d’Emilie pour le comte devint une sorte d’horreur ; l’audace inconcevable avec laquelle il continuoit de la poursuivre en dépit de son refus, l’indifférence qu’il témoignoit pour son opinion particulière, tant que Montoni favoriseroit ses prétentions, tout se réunissoit pour augmenter l’excessive répugnance qu’elle n’avoit jamais cessé de ressentir pour lui. Elle fut pourtant un peu