Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins mécontente, en apprenant que Montoni seroit de la partie. Il se mit d’un côté, Morano se plaça de l’autre ; on ne dit pas un mot pendant que les gondoliers préparoient leurs rames. Emilie frémissoit de l’entretien qui suivroit ce silence ; elle eut enfin assez de courage pour le rompre, par quelques paroles oiseuses, à dessein de prévenir les beaux discours de l’un et les reproches de l’autre.

— J’étois impatient, lui dit le comte, de vous exprimer la reconnoissance que j’ai de vos bontés ; mais je dois aussi des remercîmens au signor Montoni, qui m’a procuré l’occasion que je desirois si vivement.

Emilie regarda le comte avec un mélange de surprise et de mécontentement.

Quoi donc ! continua-t-il, voudriez-vous diminuer le charme de ce moment délicieux ! Pourquoi me rejeter dans les perplexités du doute, et démentir par vos regards, la faveur de vos dernières déclarations ? vous ne pouvez douter de ma sincérité, de toute l’ardeur de ma passion. Il est inutile, charmante Emilie, sans doute il est bien inutile que vous cherchiez plus long-temps à déguiser vos sentimens.

Si je les avois jamais déguisés, monsieur, reprit Emilie après avoir recueilli ses esprits,