Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/170

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existoit dans le monde une personne qui partageoit ses peines, et dont les vœux ne tendoient qu’à l’en délivrer. Elle résolut néanmoins de ne pas lui causer une douleur inutile, en lui disant pourquoi elle regrettoit d’avoir rejeté le jugement qu’il portoit sur Montoni. Ce regret n’alloit pourtant pas jusqu’à la faire repentir d’avoir écouté le désintéressement et la délicatesse, et d’avoir refusé la proposition d’un mariage clandestin. Elle fondoit quelque espoir sur sa prochaine entrevue avec son oncle. Elle étoit décidée à lui peindre sa détresse, et à le prier de permettre qu’elle l’accompagnât, lui et madame Quesnel, à leur retour en France. Elle se souvint tout-à-coup que la Vallée, sa demeure chérie, son unique asyle, ne seroit plus à elle de long-temps. Ses larmes coulèrent abondamment ; elle craignit de trouver peu de pitié dans un homme comme M. Quesnel, qui disposoit de sa propriété sans daigner même la consulter, et congédioit une servante âgée et fidelle, qu’il laissoit sans ressource et sans asyle. Mais quoiqu’il fût certain qu’elle n’avoit plus de maison en France, et qu’elle s’y connût peu d’amis, elle vouloit y retourner, et se dérober, s’il lui étoit possible, à la domination de Montoni ; sa tyrannie