Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/175

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votre père et pour vous, qu’il fût entré pour quelque chose dans ses recherches.

Emilie, vivement offensée de pareilles réflexions sur la mémoire de son père, méprisa ce discours, comme il méritoit de l’être.

Madame Montoni n’étoit pas fatiguée de parler ; mais Emilie quitta la place, et se retira dans sa chambre. À peine y fut-elle, que le peu de courage qu’elle venoit de montrer céda à la douleur, à la vexation qu’elle éprouvoit, et ne lui laissa que ses larmes. Chaque fois qu’elle jetoit les yeux sur sa situation, c’étoit un nouveau sujet de désespoir. À l’indignité de Montoni, qu’elle s’étoit vue forcée de découvrir, elle devoit ajouter maintenant l’empire d’une vanité cruelle, à laquelle sa tante étoit prête à la sacrifier. Elle y ajoutoit cette effronterie, cette astuce détestable, avec lesquelles, tout en méditant le sacrifice, madame Montoni osoit lui vanter sa tendresse et insulter à sa malheureuse victime, enfin, cette haine empoisonnée avec laquelle elle s’acharnoit sans scrupule sur la mémoire de Saint-Aubert, tandis qu’il ne lui auroit pas même convenu de l’envier.

Durant le peu de jours qui s’écoulèrent entre cette conversation et le départ pour Miarenti, Montoni n’adressa pas une seule