Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/177

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leurs et jouir du frais de la nuit, on s’embarqua pour gagner la Brenta une heure avant le soleil couché. Emilie assise seule près de la poupe, contemploit en silence les objets qui fuyoient à mesure que la barque avançoit : elle voyoit les palais disparoître peu à peu confondus avec les flots ; bientôt les étoiles succédèrent aux derniers rayons du soleil couchant ; une nuit tranquille et fraîche vint l’inviter à de douces rêveries, qui n’étoient troublées que par le bruit momentané des rames et le foible murmure des eaux.

Cependant on arrive à l’embouchure de la Brenta, des chevaux sont attelés à la barque et la font remonter rapidement entre deux rives, qu’ornoient à l’envi des bois élevés, des jardins voluptueux, de riches palais, et des bosquets parfumés de myrtes et d’orangers.

Emilie rappelée à de tendres souvenirs, songea alors aux belles soirées qu’elle avoit passées à la Vallée ; elle se souvint de toutes celles que, près de Toulouse, elle avoit passées avec Valancourt, dans les jardins de sa tante ; mais une amertume involontaire se mêloit à ces douces pensées, elle ne pouvoit en expliquer la cause, elle ne pouvoit dire pourquoi de si tristes pré-