Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/210

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vers lui seul, et pour lui seul couloient ses pleurs.

De ce point de vue sublime, les voyageurs continuèrent à gravir au milieu des forêts de sapins, et pénétrèrent dans un étroit passage qui bornoit de tous côtés les regards, et montroit seulement d’effroyables rocs suspendus sur la tête. Aucun vestige humain, aucune ligne de végétation ne paroissoit dans ce séjour. Ce passage conduisoit au cœur des Apennins. Il s’élargit enfin, et découvrit une chaîne de montagnes d’une extraordinaire aridité, au travers desquelles il fallut marcher pendant plusieurs heures.

Vers la chute du jour, la route tourna dans une vallée plus profonde qu’enfermoient, presque de tout côté, des montagnes qui paroissoient inaccessibles. À l’orient, une échappée de vue montroit les Apennins dans leur plus sombre horreur. La longue perspective de leurs masses entassées, leurs flancs chargés de noirs sapins présentoient une image de grandeur plus forte que tout ce qu’Emilie avoit déjà vu. Le soleil se couchoit alors derrière la montagne même qu’Emilie descendoit, et projettoit vers le vallon son ombre alongée ; mais ses rayons horizontaux, passant entre