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quelques roches écartées, doroient les sommités de la forêt opposée, et brilloient sur les hautes tours et les combles d’un château dont les vastes remparts s’étendoient le long d’un affreux précipice. La splendeur de tant d’objets bien éclairés s’augmentoit encore du contraste formé par les ombres qui déjà enveloppoient le vallon.

Voilà Udolphe, dit Montoni, qui parloit pour la première fois depuis plusieurs heures.

Emilie regarda le château avec une sorte d’effroi, quand elle sut que c’étoit celui de Montoni. Quoiqu’éclairé maintenant par le soleil couchant, la gothique grandeur de son architecture, ses antiques murailles de pierre grise, en faisoient un objet imposant et sinistre. La lumière s’affoiblit insensiblement sur les murs, et ne répandit qu’une teinte de pourpre qui, s’effaçant à son tour, laissa les montagnes, le château et tous les objets environnans dans la plus profonde obscurité.

Isolé, vaste et massif, il sembloit dominer la contrée. Plus la nuit devenoit obscure, plus ses tours élevées paroissoient imposantes. Emilie ne cessa de le regarder que, lorsque l’épaisseur du bois, sous lequel les voitures commençoient à monter,