Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/221

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C’est par-là, mademoiselle ; il faut tourner. En vérité, je suis tentée de croire aux géants, ce château est tout fait pour eux. Une nuit ou l’autre nous verrons quelques farfadets ; il en viendra dans cette grande vieille salle qui, avec ses lourds piliers, ressemble plus à une église qu’à autre chose.

— Oui, dit Emilie en souriant, et bien aise d’échapper à de plus sérieuses pensées. Si nous venions dans le corridor à minuit, et que nous regardassions dans le vestibule, nous le verrions sans doute illuminé de plus de mille lampes. Tous les lutins danseroient en rond au son d’une délicieuse musique ; c’est en des lieux comme celui-là qu’ils s’assemblent toujours pour tenir leurs sabats. Je crains, Annette, que vous n’ayez pas assez de courage pour mériter de voir un si joli spectacle. Si vous parlez, tout s’évanouira à l’instant.

— Oh ! si vous voulez m’accompagner, mademoiselle, je viendrai cette nuit même au corridor ; je vous promets que je tiendrai ma langue, et ce ne sera pas ma faute si tout s’enfuit. Mais croyez-vous qu’ils viennent ?

— Je ne puis pas l’assurer ; mais j’ose dire que ce ne seroit pas votre faute si l’enchantement ne paroissoit pas.