Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/227

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Pendant son absence, Emilie s’occupoit du tableau. La crainte de séduire la probité d’une femme-de-chambre avoit arrêté ses questions sur ce sujet, aussi bien que sur les ouvertures qu’elle avoit jetées relativement à Montoni. Sa curiosité étoit pourtant extrême, et elle ne croyoit pas qu’il lui fût difficile de la satisfaire. Quelquefois elle étoit tentée de retourner à l’appartement pour examiner ce tableau ; mais l’heure, le lieu, le silence morne qui y régnoit, le mystère qui accompagnoit ce tableau, tout conspiroit à augmenter sa circonspection et à la détourner de cette épreuve. Elle résolut cependant, quand le jour auroit ranimé son courage, de retourner à cette chambre et d’écarter le voile. Pendant qu’elle attendoit, appuyée sur la balustrade, et que ses yeux erroient autour d’elle, elle vit avec surprise l’énorme épaisseur des murailles, en quelques parties dégradées, et la solidité des piliers de marbre qui s’élevoient de la salle et soutenoient le cintre.

Une servante parut enfin, et conduisit Emilie dans sa chambre. Elle étoit au bout du château, et à l’extrémité du corridor sur lequel s’ouvroit l’enfilade même d’appartemens qu’elles avoient d’abord par-