Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/229

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En présence d’Annette, Emilie essayoit de se contenir et de renfermer les larmes qu’à tout moment elle se croyoit prête à répandre. Elle desiroit beaucoup de savoir quand le comte Morano étoit attendu dans le château ; mais elle craignoit de faire une question inutile, et de divulguer des intérêts de famille en présence d’un simple domestique. Pendant ce temps, les pensées d’Annette étaient préoccupées d’un tout autre sujet ; elle aimoit beaucoup le merveilleux ; elle avoit entendu parler d’une circonstance relative à ce château, qui rentroit singulièrement dans ses goûts. On lui avoit recommandé le secret, et son envie de parler étoit si violente, qu’à tout instant elle étoit prête à s’expliquer. C’étoit une si étrange circonstance ! N’en point parler, étoit une extrême punition ; mais Montoni pouvoit lui en imposer de plus sévères, et elle redoutoit de l’offenser.

Catherine apporta du bois, et la flamme brillante dissipa pour un moment le brouillard lugubre de la chambre. Catherine dit à Annette que sa maîtresse l’avoit demandée, et Emilie demeura seule, livrée encore à ses tristes réflexions. Son cœur n’avoit pu se fortifier contre la sévérité de Montoni ; elle en étoit presque autant