Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/38

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faire, elle résolut d’obéir à tout ce que commanderoit sa tante ; elle lui en exprima l’intention : mais madame Chéron y donnoit peu de confiance, et n’y voyoit que l’artifice ou la peur.

Promettez-moi, dit-elle à sa nièce, que vous ne verrez point le jeune homme, et que vous ne lui écrirez pas sans ma permission. Ah ! madame, dit Emilie, pouvez-vous supposer que je l’oserois à votre insu ? — Je ne sais pas ce que je suppose ; on ne comprend rien aux jeunes personnes : elles ont rarement assez de bon sens pour désirer qu’on les respecte.

Hélas ! madame, dit Emilie, je me respecte moi-même ; mon père m’en a toujours enseigné la nécessité. Il me disoit qu’avec ma propre estime, j’obtiendrois toujours celle des autres.

Mon frère étoit un bonhomme, répliqua madame Chéron, mais il ne connoissoit pas le monde. Au reste, vous ne m’avez pas fait la promesse que j’exige de vous.

Emilie fit cette promesse, et alla se promener au jardin. Parvenue à son pavillon chéri, elle s’assit près d’une fenêtre qui s’ouvroit sur un bosquet. Le calme et la retraite absolue lui permettoient de recueillir ses pensées, et d’apprécier elle-même sa