Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/39

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conduite. Elle se rappela l’entrevue de la Vallée ; elle s’apperçut avec joie que rien n’y pouvoit alarmer ni son orgueil, ni sa délicatesse ; elle se confirma dans l’estime d’elle-même, dont elle avoit si grand besoin. Quoi qu’il en soit, elle résolut de n’entretenir jamais une correspondance secrète, et de garder la même réserve en causant avec Valancourt, si jamais elle le rencontroit. Comme elle répétoit ces mots : si jamais nous nous rencontrons, elle frémit involontairement ; les larmes vinrent à ses yeux ; mais elle les sécha promptement quand elle entendit qu’on marchoit, qu’on ouvroit le pavillon, et qu’en tournant la tête elle eut reconnu Valancourt. Un mélange de plaisir, de surprise et d’effroi s’éleva si vivement dans son cœur, qu’elle en fut tout émue. Elle pâlit, rougit, et resta quelques instans dans l’impossibilité de parler, ou de quitter seulement sa chaise. La figure de Valancourt étoit le fidèle miroir de ce que devoit exprimer la sienne. La joie dont Valancourt étoit rempli, fut suspendue quand il vit l’agitation d’Emilie. Revenue de sa première surprise, Emilie répondit avec un sourire doux ; mais une foule de mouvemens opposés vinrent encore assaillir son cœur, et luttèrent avec