Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/42

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croire assez imprudente pour penser que je la négligerois.

Grand dieu, s’écria Emilie ! quelle idée aura-t-il de moi, madame, puisque vous-même vous lui montrez de tels soupçons ?

L’opinion qu’il aura de vous, reprit la tante, est désormais de fort peu de conséquence. J’ai mis fin à cette affaire, et je crois qu’il aura quelque opinion de ma prudence. Je lui ai laissé voir que je n’étois pas dupe, et sur-tout pas assez complaisante pour souffrir un commerce clandestin dans ma maison.

Quelle indiscrétion à votre père, continua-t-elle, de m’avoir laissé le soin de votre conduite ! Je voudrois vous voir pourvue ; mais si je dois être excédée plus long-temps d’importuns comme ce M. Valancourt, je vous mettrai bien sûrement au couvent. Ainsi souvenez-vous de l’alternative. Ce jeune homme a l’impertinence de m’avouer… il avoue cela ! que sa fortune est très-peu de chose, et dépend de son frère aîné ; qu’elle tient à son avancement dans son état. Du moins eût-il dû cacher ce détail, s’il vouloit réussir. Il avoit la présomption de supposer que je marierois ma nièce à un homme qui n’a rien, et qui le dit lui-même.