Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/59

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remise à ma garde, et je prétends qu’en toute chose ma volonté devienne la sienne.

En disant ces mots elle se leva et quitta la chambre, laissant Emilie et Valancourt dans un égal embarras : enfin Valancourt, dont l’espérance surpassoit la crainte, lui parla avec cette vivacité, cette franchise qui lui étoient si naturelles : mais Emilie fut long-temps à se remettre assez pour écouter avec intérêt ses prières et ses questions.

La conduite de madame Chéron avoit été dirigée par sa vanité personnelle. Valancourt, dans sa première entrevue avec elle, lui avoit naïvement découvert sa position actuelle, ses espérances pour l’avenir ; et avec plus de prudence que d’humanité, elle avoit absolument et sévèrement rejeté sa demande : elle desiroit que sa nièce fît un grand mariage ; non pas qu’elle lui souhaitât le bonheur que le rang et la fortune sont supposés procurer ; mais elle vouloit partager l’importance qu’une grande alliance pouvoit lui donner. Quand elle sut que Valancourt étoit neveu d’une personne comme madame Clairval, elle desira une union dont l’éclat, à coup sûr, rejailliroit sur elle ; ses calculs de fortune, en tout ceci, répondoient plutôt à ses désirs qu’à aucune ouverture de Valancourt, ou même