Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à quelque probabilité. En fondant ses espérances sur la fortune de madame Clairval, elle oublioit que cette dame avoit une fille : Valancourt ne l’avoit point oublié, et comptoit si peu sur aucun héritage du côté de madame Clairval, qu’il n’avoit pas même parlé d’elle dans sa première conversation avec madame Chéron ; mais qu’elle que pût être à l’avenir la fortune d’Emilie, la distinction que cette alliance lui procureroit à elle-même étoit certaine, puisque l’existence de madame Clairval faisoit l’envie de tout le monde, et étoit un objet d’émulation pour tous ceux qui pouvoient soutenir sa concurrence. Elle avoit donc consenti à livrer sa nièce aux incertitudes d’un engagement dont la conclusion étoit douteuse et éloignée ; elle avoit aussi peu combiné son bonheur en y consentant qu’en le rejetant : elle auroit bien pu rendre ce mariage aussi certain qu’avantageux ; mais une telle générosité n’étoit point alors dans ses projets.

De ce moment Valancourt fit de fréquentes visites à madame Chéron, et Emilie passa dans sa société les momens les plus heureux dont elle eût joui depuis la mort de son père. Ils trouvoient tous les deux trop de douceur au présent pour s’occuper beau-