Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/76

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première condescendance, que, pour en prévenir le retour, elle remettoit entièrement cette affaire à M. Montoni seul.

L’éloquence sentimentale de Valancourt lui fit enfin concevoir l’indignité de sa conduite : elle connut la honte, mais non pas le remords. Elle sut mauvais gré à Valancourt de l’avoir réduite à cette situation pénible, et sa haine croissoit avec la conscience de ses torts. L’horreur qu’il lui inspiroit étoit d’autant plus forte, que, sans l’accuser, il la forçoit de se convaincre elle-même. Il ne lui laissoit pas une excuse pour la violence du ressentiment avec lequel elle le considéroit. À la fin, sa colère devint telle, que Valancourt se décida à sortir sur-le-champ, pour ne pas perdre sa propre estime dans une réplique peu mesurée. Il fut alors bien assuré qu’il ne devoit former aucun espoir sur madame Montoni, et qu’on ne pouvoit attendre ni pitié, ni justice d’une personne qui sentoit le poids du crime sans l’humilité du repentir.

Il songeoit à Montoni avec un égal désespoir. Il étoit évident que le plan de séparation venoit de lui. Il n’étoit pas probable qu’il abandonnât ses desseins pour des prières ou des remontrances qu’il devoit avoir prévues, et contre lesquelles il étoit