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préparé. Cependant, fidèle aux promesses qu’avoit reçues Emilie, plus occupé de son amour que jaloux de sa propre dignité, Valancourt prit garde à ne point irriter sans nécessité Montoni. Il lui écrivit, non pour lui demander un entretien, mais pour en solliciter la faveur, et il tâcha d’attendre la réponse avec un peu de tranquillité.

Madame Clairval s’en tenoit au rôle passif : quand elle avoit consenti au mariage de Valancourt, c’étoit dans la croyance qu’Emilie hériteroit de sa tante. Quand le mariage de cette dernière l’eut désabusée de cet espoir, sa conscience l’empêcha de rompre une union presque formée ; mais sa bienveillance n’alloit pas jusqu’à faire une démarche qui la décidât entièrement. Elle se félicitoit de ce que Valancourt étoit délivré d’un engagement qu’elle croyoit autant au-dessous de lui pour la fortune, que Montoni jugeoit cette alliance humiliante pour la beauté d’Emilie. Madame Clairval pouvoit être offensée qu’on eût ainsi congédié une personne de sa famille ; mais elle dédaigna d’en exprimer son ressentiment autrement que par son silence.

Montoni, dans sa réponse, assura Valancourt qu’une entrevue ne pouvant ni ébranler la résolution de l’un, ni vaincre