Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette belle plaine du Languedoc, et la Gascogne sa douce patrie, ce désir l’emporta sur la crainte d’être observée, elle alla vers la terrasse qui se prolongeoit dans tout le jardin du haut ; elle dominoit sur celui du bas, et y communiquoit par un escalier de marbre qui terminoit l’avenue.

Quand elle fut aux marches, elle s’arrêta pour un moment, et regarda autour d’elle. La distance où elle étoit du château augmentoit l’espèce d’effroi que le silence, l’heure et l’obscurité lui causoient ; mais s’appercevant que rien ne pouvoit justifier ses craintes, elle monta sur la terrasse, dont le clair de lune découvroit l’étendue, et montroit le pavillon tout à l’extrémité. Son éloignement du château renouvelant encore ses alarmes, elle s’arrêta pour écouter ; aucun bruit ne se fait entendre. Elle marche vers le pavillon, elle arrive, elle entre ; l’obscurité du lieu n’étoit pas propre à diminuer sa timidité. Les jalousies étoient ouvertes ; mais des plantes en fleurs garnissoient l’extérieur des fenêtres, et ne laissoient qu’avec peine appercevoir au travers de leurs rameaux le paysage foiblement éclairé.

Emilie s’approcha d’une croisée ; elle ne goûtoit ce spectacle qu’autant qu’il servoit